Hier j’ai fait un exercice d’écriture sur le fait d’affirmer sa voix et cet exercice a touché quelque chose de profond en moi : le fait que très souvent encore je ne me sente pas assez bien pour dire ce que je pense et que j’ai peur des représailles.
Comme si m’exprimer était dangereux.
Ce n’est pas totalement faux, d’autant plus à cette époque de lynchage sur les réseaux sociaux où les violents sont assis confortablement derrière leur écran. Au collège-lycée ils devaient au moins assumer en face-à-face ; aujourd’hui c’est encore plus simple de faire du mal, avec un effet de groupe très fort et violent sur Internet.
Souvent encore je me censure.
J’ai quelque chose à dire puis j’imagine les réactions potentiellement virulentes et je choisis de me taire. Je reste invisible pour ne pas être violentée.
Au collège-lycée j’ai expérimenté les réactions des gens lorsqu’on se différencie, par un vêtement un peu trop extravagant ou par une coupe de cheveux un peu trop différente de la ‘norme’. J’ai expérimenté la violence des mots et l’humiliation, et je me suis lissée et mise dans le moule en pensant que comme cela je plairais et serais acceptée.
Être acceptée en n’étant pas totalement moi, en me bridant : on a réussi à me faire voir cela comme la solution pour être en sécurité et aimée.
Aujourd’hui je m’exprime de plus en plus, notamment sur mon blog.
Je m’affirme, je ne suis plus lisse, parfois je dérange et je bouscule.
Ça me rappelle cette fois où je suis arrivée au collège dans mon pantalon pattes d’éléphants rouge à paillettes, fière et la tête haute (j’adorais ce pantalon, il était trop cool !! ❤) tandis que le jean était ‘l’uniforme normal’.
Lorsqu’on sort du cadre, on met les autres face au fait que c’est possible de le faire ; ça dérange car ça titille leurs croyances et leurs blocages.
Dans ce pantalon je me sentais fière et puissante, car j’assumais ma différence, j’étais moi !
Je n’ai pas toujours craint le regard des autres : ça fait du bien de me rappeler de cette force que j’ai en moi. Mais être humiliée, voire agressée pour qui on est, pour affirmer qui on est, cela laisse des traces plus ou moins profondes – même si aujourd’hui je sens mes plaies refermées.
La société nous envoie le message : « Ne sors pas trop du cadre où on va t’y remettre » et pas avec douceur et bienveillance. Il n’y a qu’à voir la virulence envers les looks originaux, les modes de vie alternatifs, les métiers atypiques…
Mais ce qui fait moins de bruit, c’est l’amour.
Lorsqu’on sort du cadre, on montre que d’autres voies sont possibles, qu’il n’y a pas qu’un modèle de vie. Et ça, ça inspire beaucoup de gens, ça leur fait du bien !
Il n’y a pas que la violence lorsqu’on sort du cadre : il y a beaucoup d’amour, d’admiration, de respect. Il y a aussi un merveilleux effet boule de neige : en prenant une voie qui nous ressemble, on invite d’autres personnes à prendre elles-aussi leur voie, et ces personnes en inspireront d’autres à leur tour.
Alors oui, en s’affirmant on s’expose au rejet et à la violence, et c’est terrifiant. Parfois on souffre, parfois on pleure. Mais en s’affirmant, on se donne de l’amour à soi-même et on invite les autres à s’affirmer pour s’aimer eux aussi davantage.
Je porte énormément d’admiration aux personnes qui s’affirment et qui sortent des ‘normes’ pour être elles-même. Elles m’inspirent et me transmettent énormément de force pour m’affirmer à mon tour.
Lorsqu’on sort du cadre, ce ne sont pas les personnes violentes qui comptent.
(Même s’il est difficile de les ignorer puisque ce sont souvent les plus bruyantes 😒)
Celles qui sont importantes, ce sont les personnes qui, en silence, nous remercie de leur prouver que c’est possible et qu’elles aussi peuvent le faire ! En étant nous-même, c’est comme si on leur donnait la permission d’être elles-même à leur tour.
Dans mon pantalon rouge à paillettes j’ai été moquée, mais peut-être que j’ai inspiré une personne à porter ce chapeau qu’elle adorait sans oser le mettre ; peut-être qu’elle a enfin osé porter ce chapeau et qu’elle s’est sentie fière et puissante à son tour 😎
Il ne faut pas sous-estimer ce qui se passe en silence, c’est parfois beaucoup plus fort et important que le bruit.
Par le passé j’ai pensé que je devais être lisse et normée pour être aimée : aujourd’hui je pense que c’est faux.
Aujourd’hui je pense qu’en étant lisse et normée on est intégrée, on rentre dans le moule, certes. Mais pour être aimée, vraiment aimée, pour toute la personne que nous sommes, alors il faut être nous-même, montrer aux autres cette personne, affirmer notre propre moule.
Au début de cet article j’écrivais que je me censurais pour fuir le danger.
Mais censurer qui je suis, c’est peut-être encore plus dangereux.
Si je suis aimée en étant un « moi filtré », j’aurais peur d’être rejetée le jour où le filtre tombera. Mais si j’affirme qui je suis, si je suis aimée pour qui suis, alors je suis en sécurité car cet amour sera inconditionnel. Et cet amour inconditionnel de qui je suis, cette admiration, ce respect, la première personne à pouvoir me le donner c’est moi-même. Alors je suis en sécurité, car quoi qu’il arrive je m’aimerais toujours ❤
Je trouve cet article un peu brouillon, mais je le laisse tel quel car j’ai la foi que tu y trouveras ce dont tu as besoin 🙂
Je te remercie de m’avoir lu et je t’envoie beaucoup d’amour !
Manon
« La société nous envoie le message : « Ne sors pas trop du cadre où on va t’y remettre » et pas avec douceur et bienveillance. » cette phrase est criante de vérité ! J’aurais pu citer de nombreuses autres phrases de ton article tellement je le trouve vrai <3.
Tu as raison, il faut être soi-même, c'est le plus important.
& vive les pantalons rouges paillettés ! :))
Merci beaucoup pour ton mot <3 J'aurais adoré retrouver une photo de ce pantalon pour illustrer l'article *rires*
Ça me fait penser à quelque chose que j’ai appris pendant ma formation de coach : la zone d’ombre. quand quelque chose agace quelqu’un, c’est que quelque part, inconsciemment, il aimerait un peu être ou agir comme ça. Sans doute que ceux qui ce sont moqué de ton pantalon aurait bien voulu oser, aux aussi , porter des habits qu’ils aimaient, mais ils préféraient rester dans le « moule » du jean. Après on sait que les années collège sont difficiles pour ça, je pense que c’est encore plus compliqué de s’affirmer pendant ces années là.. Cela dit plus tu exprimes ce que tu ressens, tes idées, plus tu attireras des personnes qui sont en accord avec ça, plus ça collera entre vous, que ça soit au niveau business ou amical ! Quand on est en freelance, c’est une des clés pour se sentir bien dans ce qu’on fait…
C’est quelque chose que j’ai déjà lu plusieurs fois oui, cette idée que lorsque quelqu’un nous critique cela en dit plus sur lui que sur nous (d’ailleurs j’essaye d’avoir du recul lorsque c’est moi qui critique, pour voir ce que ça révèle de moi et sur quoi je peux travailler !). Je crois aussi fortement qu’en étant nous-même, notre aura attire des personnes qui nous ressemble et avec qui la magie opère 🙂
Ce que tu dis me parle énormément Manon, merci ! Pendant longtemps, j’ai aussi porté un masque, je me suis conformée à toutes les personnes que je rencontrais dans un besoin absolument désespéré d’amour. Quand je me suis rendu compte que je ne serai jamais heureuse ainsi il y a deux ans, ça a été un véritable coup de tonnerre. Je sais que le chemin à parcourir est encore long, mais j’ai également la capacité de me retourner pour être fière de tout celui que j’ai déjà parcouru.
Moi non plus, on ne m’a pas fait de cadeaux à l’école et je crois que ça joue.
J’ai aussi une peur bleue des haters, que j’ai récemment commencé à exorciser. Ce que tu dis sur les gens qui ne disent rien, mais pour qui dire des vérités qui dérangent est important, c’est très juste et j’ai pour ma part parfois tendance à l’oublier. On a encore du taf, hein 😀 ?
Belle journée à toi !
Ps: longue vie aux pantalons rouges !!
« Je me suis conformée à toutes les personnes que je rencontrais dans un besoin absolument désespéré d’amour » : si tu savais combien cette phrase me fait écho ! Une fois qu’on réalise que ce n’est pas la meilleure route pour nous, que nous pouvons nous donner nous-même l’amour que l’on cherche, c’est une libération je trouve 🙂 Comme tu le dis le chemin n’est pas fini, mais la route est bien plus agréable !
Merci pour cet article 🙂 peut être que la norme a été inventée comme une « étiquette » mais qu’après on peut s’en affranchir quand on se sent prêt, assez fort pour avoir de la répartie quand les personnes extérieurs le remarquent (violemment souvent :(). Je me dis qu’elle doit bien avoir une utilité pour être autant respectée
Je ne crois pas que la norme ai été inventée : je pense qu’elle s’est définie naturellement avec le temps, comme quelque chose de cadré, de connu, de rassurant. Mais je pense aussi que tout le monde ne peut pas s’y épanouir pleinement, que parfois elle devient inconfortable, et dans ces cas-là comme tu le dis on cherche à s’en affranchir 🙂