Cela fait plus d’un an que je me retiens d’écrire sur ce sujet, ma petite voix intérieure me disant « Ça n’a rien à voir avec ton business ! ». Pourtant les liens sont bien là (tu vas voir !) et alors que ce matin cette Confidence s’est déroulée dans mon carnet, j’ai senti qu’il était enfin temps de partager mon expérience et les leçons à transmettre ✨
J’ai toujours su que je ne voulais pas allaiter, pour plein de raisons qui me sont propres.
C’était une évidence pour moi, tout comme je m’appelle Manon ; il n’y avait même pas de question à se poser, ce n’était pas un sujet à mes yeux – chacune faisait ce qu’elle souhaitait, et je savais ce que je souhaitais pour moi, tout simplement.
Puis il y a eu cette fois où, alors que nous n’arrivions pas encore à débuter une grossesse, une personne de notre entourage m’a demandé de but en blanc « Mais pourquoi tu ne veux pas allaiter ; tu ne veux pas le meilleur pour ton bébé ?! ».
Vlan. Ça m’a fait l’effet d’une gifle que je n’avais pas vu venir. Je me suis retrouvée sans voix – et dès que nous nous sommes retrouvés seuls, j’ai fondu en larmes dans les bras de mon chéri.
Non seulement je n’arrivais pas à être enceinte, mais en plus, alors que je n’étais pas encore maman, on sous-entendait que je ne voulais pas le meilleur pour mon bébé. Ça a été ultra-violent pour moi ; et sans m’en rendre compte, c’est venu laisser une trace profonde qui m’a poursuivi pour la suite…
Saut dans le temps : je suis enceinte, et la question revient : allaitement ou biberon ?
Et cette question qui me hante de l’intérieur : tu ne veux pas le meilleur pour ton bébé ?!
De plus, mon mari avait pour sa part l’image de la maman allaitante, toutes les femmes de sa famille et autour de nous ayant allaité ou allaitant encore ; dans son référentiel, c’est moi qui n’était « pas normale », qui voulait faire différemment.
Je ne voulais pas décevoir mon mari. Je ne voulais pas qu’on se dise que j’étais une mauvaise mère. Je ne voulais pas être jugée et essuyer les remarques des proches allaitantes autour de moi, des sages-femmes etc…
Bien sûr, je voulais le meilleur pour mon bébé à venir. Et tout autour de moi, sur les réseaux sociaux, dans les livres autour de la parentalité, tout me poussait dans la même direction…
J’ai commencé à écumer les réseaux sociaux et les profils pro-allaitement, comme pour trouver de quoi me convaincre, de quoi me faire changer d’avis et « rentrer dans le moule ».
Evidemment j’ai trouvé plein de témoignages et d’arguments qui allaient dans le sens de l’allaitement ; mais ils serraient mon ventre à chaque fois. A l’inverse, tout ce qui partageait une belle expérience du biberon (ou à l’inverse une mauvaise expérience de l’allaitement) m’allégeait et me faisait dire « Ah, tu vois ! » – et même, je les partageais à mon mari en espérant son soutien, qu’il comprenne mon point de vue.
Alors que tous les jours j’allais prendre ma dose de « bonnes raisons » pour créer mon auto-conviction, je suis tombée sur un argument qui m’a particulièrement marquée…
« Toutes les femmes qui n’ont pas allaité le regrettent après coup ».
Wow. Ça rigolait pas ! Ça a été un gros déclencheur de peur pour moi : « Mon Dieu, je ne veux surtout rien regretter ! ».
Malgré mes ressentis et mon intuition, j’en suis arrivée au point où j’étais presque convaincue d’allaiter, à contre-coeur et en me forçant, pour toutes les « bonnes raisons » que j’avais emmagasinées, pour que mon mari soit fière de moi, pour ne pas avoir de regrets, pour que nos proches me fichent la paix…
Biberon ou allaitement, cette question m’a torturé pendant des mois, alors qu’au fond de moi j’avais toujours su et je savais toujours ce que je voulais faire. J’en pleurais régulièrement, car j’étais en réalité dans une lutte contre moi-même, par peur des jugements, des regrets etc…
Arrivent alors ma mère et ma grand-mère, qui viennent séjourner quelques jours chez nous.
Les femmes de ma lignée ; elle ont chacune eu trois enfants, et aucune d’elles n’a allaité. Je leur explique mon conflit intérieur, et je leur pose cette question qui me hante : « Il paraît que toutes les femmes qui n’ont pas allaité le regrettent ensuite… Tu regrettes, toi ? »
Ma mère m’a répondu sans une once d’hésitation « Oh non, surtout pas ! » en riant. De même, ma grand-mère ne regrettait pas.
Ça m’a tellement apaisée. C’est bête, mais ça m’a ramenée sur Terre, en mode « C’est juste des trucs sur Internet. Ça ne représente pas toutes les femmes. »
Elles m’ont dit de faire comme je le sentais, de ne pas me forcer. Ça m’a fait tellement de bien.
De plus, mon mari qui voyait ma souffrance m’a dit qu’il ne m’aimerait pas moins si je n’allaitais pas, et qu’il serait fier de moi dans tous les cas. Qu’il ne voulait pas que je me force et que je sois malheureuse pour lui faire plaisir – et que de toutes façons, cela ne lui ferait pas plaisir du tout ! Il m’a dit de faire ce que MOI j’avais envie de faire, peu importe ce que lui ou d’autres en pensent. Que je serai une super maman quoi que je choisisse.
Pffff. J’ai respiré à nouveau. J’ai arrêté de vouloir aller contre moi-même, et j’ai assumé ce que je voulais faire : je n’allaiterai pas. Je me suis sentie libérée d’un poids, tellement plus légère. Je n’avais plus à me triturer l’esprit : ma décision était prise. Elle l’avait toujours été, en vérité, mais j’étais prête à l’assumer.
Et alors que ma fille approche les 1 an ½, je n’ai aucun regret.
C’était la meilleure décision et la plus juste pour moi. Et la meilleure aussi pour ma fille et notre relation, j’en suis convaincue.
Si c’était à refaire je ne changerai rien ; et si la question revient à l’avenir, je ferais tout pareil.
Même mon mari, après avoir vécu le biberon, est revenu sur son opinion et m’a remerciée de mon choix ! Si la Manon du passé avait su ça, elle se serait moins prise la tête 😉
Voilà ce que j’ai envie de te transmettre suite à toute cette histoire…
~ Les « Tout le monde ceci… » sont bien souvent faux ; c’est même une technique de manipulation. Récemment, j’ai vu une entrepreneuse dire « Tout le monde veut tel truc » dans le but de vendre son programme : mais peut-être que toi, tu ne veux pas ce truc que « tout le monde veut ». Attention à ces « Tout le monde », « Toutes les femmes », « Toutes les entrepreneuses » etc…
~ Dans la même lignée, ce truc de « Tu vas le regretter ! » se retrouve parfois dans les techniques de vente, en mode « Si tu n’achètes pas mon offre, si tu passes à côté, tu vas le regretter plus tard, achète maintenant !! ». Ce n’est pas sain : ne prend pas une décision sous cette impulsion-là.
~ D’expérience, les choses que l’on regrette sont bien souvent celles que l’on fait pour les autres plutôt que pour soi-même.
~ Tu trouveras toujours des Pour et des Contre, des arguments dans un sens et dans l’autre, des infos qui s’opposent… Ce qui compte, c’est TON ressenti, ce qui est vrai pour toi.
~ De même, ce n’est pas parce que tout un pan d’Internet, des réseaux sociaux, de tes proches etc… te dit de faire un truc que ce truc est bon pour toi. Encore une fois, absolument personne ne peut te connaître mieux que toi-même. Fais-toi confiance, fais confiance à ton corps, à tes ressentis.
~ Lorsque tu as peur du jugement, prends un temps de recul pour observer que bien souvent ce sont « juste » des projections, des scénarios catastrophes. Ce n’est pas encore réel, et ça peut ne jamais le devenir ; dans mon cas, je n’ai finalement reçu aucun jugement (exprimé, en tout cas !) quant au fait de donner le biberon.
~ Même si tes proches ne te soutiennent pas, ne te comprennent pas, feraient autrement… fais les choses pour TOI. C’est toujours de ta vie dont il s’agit. Les bonnes personnes seront à tes côtés même si elles ne sont pas d’accord avec toi.
~ Evidemment que chaque maman bien intentionné veut le meilleur pour son bébé. Chacune fait de son mieux, à la fois pour son bébé et pour elle ; la maternité est déjà suffisament challengeante sans sous-entendre que le bien-être de notre bébé ne compte pas pour nous.
~ Enfin, au cas où tu as besoin de lire ça aujourd’hui : ne te force pas à faire ce truc qui te tord le ventre, fais ce que tu sens être bon pour toi ❤
Voilà ce que j’avais envie de te partager ; je te laisse prendre ce qui résonne pour toi, et si tu souhaites échanger tu peux m’écrire via l’espace de commentaires plus bas 🙂
Je te remercie pour ta lecture,
Manon
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