On dit souvent que notre entreprise est notre bébé, qu’on accouche d’un projet, etc…
J’ai justement envie de te partager en vrac différentes réflexions que je me suis faites lors de ma grossesse, de mon accouchement et après – car j’y ai vu plusieurs parallèles avec l’entrepreneuriat.
Le temps.
Aaah, tous ces films où la nana perd les eaux au milieu du restaurant, arrive à l’hôpital en express, fait quelques poussées et hop ! C’est réglé.
Entre les premières contractions et la naissance de ma fille, 55h se sont écoulées. L’euphorie du début, en mode « Ça y est, c’est le moment !! » est vite retombée – et entre le premier et le dernier jour, nous sommes entrés dans une bulle temporaire très particulière, où nous devions juste attendre – et, pour ma part, traverser chaque contraction de mon mieux, pour accompagner mon bébé.
J’y ai vu un parallèle avec le temps que demande le développement d’une entreprise : tu t’imagines que ça va prendre un an, trois ans… mais en fait tu n’en sais rien, car tu ne contrôles pas tout. Ce que tu peux faire, c’est faire de ton mieux, traverser chaque expérience, accompagner ton entreprise, laisser le processus être.
Je pense à ces entrepreneuses qui se dénigrent parce qu’elles n’ont pas réussi « assez vite », parce qu’elles n’ont pas tenues le « planning de succès » qu’elles avaient imaginé en créant leur entreprise. Mon corps a eu besoin de plusieurs jours pour accoucher, mon entreprise a eu besoin de plusieurs années pour fleurir : pour l’un et pour l’autre, c’était le temps nécessaire.
Que ça prenne 6 mois ou 6 ans, le processus sera toujours légitime, et toujours le bon timing pour toi.
Le mental
Et justement, lorsque c’est trop long, trop difficile, alors le mental entre en jeu. La patience, la persévérance, la détermination. Se rappeler pourquoi on traverse cela, et se rappeler que ce n’est qu’un moment : il y aura un après, et c’est pour lui qu’on fait ça.
Tout au long de mon accouchement, jusqu’aux dernières poussées, je me disais « J’y suis presque, je vais y arriver, je donne tout. J’y suis presque, je vais y arriver, je donne tout. »
(D’ailleurs l’anecdote qui nous amuse mon mari et moi est que j’étais tellement concentrée dans le « Je me donne à fond, je lâche rien ! », que j’ai continué de pousser comme une forcenée alors que ma fille était déjà sortie)
Ce mental, je l’ai pour mon entreprise aussi ; il y a eu ces moments où j’étais fatiguée, à douter de ma capacité à continuer, à deux doigts d’abandonner (NB : J’en parlais dans cette vidéo). Mais tu t’accroches, encore un peu, encore un peu, encore un peu… Et sans t’en rendre compte, tu progresses. Puis tu dépasses ce moment ✨
Le silence
Alors que ma fille venait tout juste de naître, les sages-femmes m’ont dit que je ne devrais pas lui raconter mon accouchement. Idem quelques jours plus tard, quant une femme de ma famille m’a dit que je ne devrais pas le raconter autour de moi.
Pour ne pas faire peur.
Il ne faut raconter que ce qui va bien, pour donner ENVIE.
Il ne faut pas raconter la difficulté – ça, ce n’est pas glamour !
Ça m’a mise (et me met encore !) en colère.
Déjà parce que je suis infiniment fière de mon accouchement et donc que je n’ai pas envie d’en faire un tabou.
Mais aussi et surtout parce que je pense que ce genre de silence est dangereux.
Lorsque j’ai raconté mon accouchement à ma meilleure amie, elle m’a dit en souriant « Et bah, ça ne me donne pas envie d’avoir des enfants ! ».
Ce à quoi j’ai répondu « Je préfère que tu saches à quoi ça peut ressembler, et que tu y ailles tout de même en sachant dans quoi tu mets les pieds ».
Dans l’entrepreneuriat aussi, il y a cette facette : « il ne faut pas parler de ses difficultés, ça ne fait pas vendre, ça n’est pas professionnel, ça fait même fuir ».
Ne vouloir parler que du glamour et des paillettes, c’est omettre toute une partie du processus. Et dissimuler cela, c’est faire que des femmes tombent des nues lorsqu’elles le traversent à leur tour.
Raconter, c’est montrer aux autres qui traversent la même chose qu’elles ne sont pas seules.
C’est aussi ouvrir le champ des possibles.
Je remercie ces femmes qui ont raconté leur grossesse, leur accouchement, leur post-portum, car elles m’ont permis d’élargir mon champ des possibles et de me préparer à davantage d’éventualités.
Et c’est pareil pour les entrepreneuses ; on peut se sentir tellement seule, découragée, dévalorisée, lorsqu’on ne voit que le haut de l’iceberg des autres, le glamour et les paillettes, tandis que nous, nous sommes la tête sous l’eau.
C’est pour cela que, particulièrement dans mes newsletters, je partage aussi le moins glamour. Cela montre à d’autres entrepreneuses que cela peut faire partie du processus, et qu’elles n’ont pas à se sentir seules ou anormales si elles vivent la même chose. Et parler de mes erreurs, de mes doutes, de mes mois sans chiffre d’affaire, ne me rend pas moins professionnelle ou légitime.*
Tout comme raconter mon accouchement ne va pas provoquer la fin de l’humanité 😉
Je noterai tout de même qu’il y a une question de posture : partager pour enrichir les autres est très différent de se plaindre pour attirer la sympathie.
La difficulté
En parlant de possibles, ils fonctionnent dans les deux sens : il est possible que ce soit difficile, il est possible que ce soit facile.
Pendant ma grossesse, j’ai senti combien il était inscrit culturellement que ça devait être difficile pour moi. Lorsque je disais que j’allais bien, que j’avais la forme, que je n’avais pas d’inconvénients, j’avais parfois l’impression que la personne ne me croyait pas. Idem pour mon post-portum, qui est très doux et bien plus facile que ce à quoi je m’étais préparée (justement grâce aux récits d’autres ♡).
Parfois, dans la façon de me demander comment j’allais, je ressentais même un petit côté « Toi aussi tu dois souffrir, c’est comme ça pour tout le monde alors tu n’y échapperas pas ».
Ce qui rejoint le fameux « Ça doit être difficile » que l’on retrouve également dans l’entrepreneuriat.
Je repense à une entrepreneuse qui s’inquiétait parce qu’elle n’avait pas traversé de grandes difficultés, et donc que « ça allait forcément lui tomber dessus ». La difficulté peut être tellement ancrée qu’on se sent anormale si on n’y passe pas. J’avais d’ailleurs écrit ce post-ci sur le sujet.
Or, dans tous les possibles, il y a aussi que ça peut être facile, doux, dans le plaisir.
Ça peut être difficile. Ça peut être facile. Et ça peut être tout un spectre entre les deux. Il n’y a pas UNE vérité. Il n’y a pas un problème à être d’un côté ou de l’autre.
La difficulté n’est pas un passage obligé.
Et tu n’es pas obligée de souffrir pour que ton expérience soit légitime.
Autres pensées en vrac
- Mon accouchement était comme je le voulais, tout en étant très différent de ce que j’avais imaginé => Comme pour une entreprise, on pose nos intentions, mais on découvre le Comment au fur et à mesure que l’on avance. On a notre phare pour nous guider, et on découvre le chemin un pas après l’autre.
- Il y a autant d’accouchements que de femmes. Il y a autant d’entreprises que d’entrepreneuses. Il n’y a pas LA façon de faire, la « bonne ». Il y a TOUTES les façons de faire, de chacune.
Voilà les différents partages que je souhaitais faire sur le sujet ; je vais pouvoir supprimer pas mal de mémos de mon téléphone ! 😉
Je te souhaite d’y trouver des résonances, quelles qu’elles soient <3
(Article partagé dans ma newsletter le 9 novembre 2021)
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