Est-ce que tu connais le conte « Le Petit Poisson d’or » ? Il y a quelques jours je repensais à ce conte et à sa morale et d’un coup, j’ai eu une illumination : j’y ai vu un tout autre message que celui perçu lorsque j’étais enfant !
Le conte « Le Petit Poisson d’or », en bref.
Comme la majorité des contes on trouve des versions qui diffères, mais je vais me baser sur le livre pour enfants avec lequel j’ai grandi.
Le conte commence avec un pêcheur et sa femme qui vivent dans une misérable cabane.
Un jour, le pêcheur attrape un poisson aux écailles dorées ; celui-ci le supplie de lui laisser la vie et la liberté, en échange il réalisera le vœu du pêcheur. Le pêcheur lui rend sa liberté sans émettre de vœu en retour, et lorsqu’il rentre chez lui sa femme le dispute et lui dit de retourner voir le poisson pour lui demander une jolie maison à la place de leur vieille cabane.
Le pêcheur va faire sa demande au poisson et à son retour il voit sa femme toute joyeuse devant leur nouvelle maison. Mais au bout de quelques semaines, sa femme trouve cette maison trop petite pour eux et exige que son mari aille demander mieux au poisson.
Ce dernier s’exécute et à son retour un grand château se trouve à la place de la chaumière. Il y a des serviteurs, des lustres en cristal, de belles tapisseries, un parc… Mais dès le lendemain, sa femme n’est déjà plus satisfaite et veut que le poisson les fasse roi et reine du pays.
Tu as compris le manège : le pêcheur va voir le poisson, celui-ci exauce son vœu. Lorsqu’il rentre au château il y trouve sa femme assise sur un grand trône, portant une couronne.
Mais ce n’est pas fini ! Pendant la nuit la reine tourne et tourne dans le lit, elle ne trouve pas le sommeil… Ce qu’elle veut désormais, c’est commander au soleil de se lever lorsqu’elle le décide!
Le pêcheur retourne voir le poisson, mais cette fois-ci il n’apparaît pas. Une tempête éclate, la mer se déchaîne et le pêcheur se résout à rentrer au château…
Mais lorsqu’il y arrive, il y trouve sa vieille cabane et sa femme assise devant, muette et abasourdie.
Voilà comment le conte fini dans la version que je connais : « Elle passa le reste de ses jours dans cette misérable demeure à regretter d’avoir tout perdu pour en avoir trop voulu. »
Sur Internet j’ai même trouvé une version où il est carrément écrit : « La vie est ainsi faite : qui veut trop, n’a rien. »
C’est exactement ce que j’avais retenu de cette histoire :
– C’est mal d’en vouloir toujours plus
– Si tu en veux toujours plus, ça va se retourner contre toi et tu vas tout perdre
– Ce n’est pas possible de tout avoir
– Le gentil de l’histoire c’est le pêcheur qui n’avait envie de rien, pas comme sa méchante femme qui en veut toujours plus !
Tu les sens, les belles croyances anti-ambition et anti-réussite ? Être ambitieuSE c’est maaaaal ! 👿
C’est joli dans un livre pour enfant, non ?
Sauf que, comme je te le disais en introduction, il y a quelques jours j’ai eu une révélation…
Le problème, ce n’est pas que la femme de l’histoire demande toujours plus.
Je veux dire, l’histoire commence dans « une misérable cabane pleine de trous et de pourriture » et on lui donne l’occasion d’avoir mieux, elle ne va quand même pas se priver ! Si demain on te propose gentiment de t’offrir ce que tu vveux, ce serait quand même dommage de répondre « Non merci, c’est gentil mais je préfère rester dans ce qui ne me convient pas. »
Lorsqu’elle trouve sa nouvelle chaumière trop petite, c’est naturel d’en vouloir une plus grande : personnellement mon premier logement était un studio sans volet et en vis-à-vis, le second avait plusieurs pièces et une belle vue, et maintenant je suis dans ma maison avec jardin. On veut évoluer vers le mieux, progresser, c’est normal !
Ce n’est pas l’ambition de la femme le problème : c’est son ingratitude.
A chaque fois qu’elle a mieux, elle n’en a aucune reconnaissance, elle est toujours en colère, elle n’est jamais satisfaite. Le poisson lui offre ce qu’elle souhaite et elle n’en a aucune gratitude !
C’est comme si le Petit Poisson d’or était l’Univers qui lui donne ce qu’elle désire, et qu’elle lui répondait « T’es bien gentil mais c’est nul en fait, il craint ton cadeau, je mérite mieux que ça, j’en veux un plus gros et vite ! »
J’ai trouvé une autre version avec une fin qui colle mieux selon moi :
« Ne pleure pas, lui dit le pêcheur. Tu n’étais pas plus heureuse lorsque tu étais reine. Le plus grand bonheur est d’être content avec ce que l’on a. »
C’est bien de ça qu’il s’agit !
Aujourd’hui voilà ce que j’ai envie de ressortir de ce conte :
– Ça ne sert à rien de vouloir de « grandes choses » si elles ne nous rendent pas heureuses
– C’est important d’avoir de la gratitude pour ce qu’on a déjà ; si on est ingrates, on peut avoir toujours plus sans jamais être satisfaites.
– Tout en étant reconnaissantes de ce qu’on a, c’est normal de vouloir s’accroître.
Non, on n’est pas une mégère avide parce qu’on est ambitieuse, et le monde ne va pas se retourner contre nous parce qu’on veut une meilleure vie !
Sinon ça veut dire quoi, que ce qui est bien c’est de vouloir le moins bon pour nous et de régresser ? Bien sûr que non !
Et je ne suis pas d’accord avec la fin « qui veut trop, n’a rien » : au contraire, c’est lorsqu’on veut une vie épanouie sur tous les plans qu’on fait les actions pour y parvenir et donc qu’on réussit ! Je dirais plutôt : qui veut plus, passe à l’action et a la possibilité d’avoir plus 🙂
D’ailleurs, parce qu’elle affirme ce qu’elle veut et qu’elle le demande au poisson, la femme de l’histoire se retrouve tout de même reine dans son château, c’est une sacrée évolution ! Si elle n’avait pas agit, l’histoire se serait arrêtée dès le début et elle n’aurait pas bougé de sa cabane. Si elle avait eu de la gratitude et qu’elle avait apprécié chaque nouvelle situation, l’histoire aurait pu être une belle happy end !
On récapitule : avoir de la gratitude pour ce qu’on a déjà, être ambitieuse et passer à l’action pour avoir mieux, puis être reconnaissance lorsque ça arrive ! ✨
Ça te parle ? Comment est-ce que tu ressens le message de ce conte ? Dis-moi en commentaire !
Manon
Hello Manon, intéressante cette analyse, merci de l’avoir partagée ! Moi ce qui me dérange énormément dans cette histoire, c’est qu’on a l’impression que c’est mal de toujours demander mieux. Je ne sais pas, c’est quand même humain de vouloir tendre vers son idéal de vie, non ? Dans le cadre de mon travail, mon chef a dit un jour « quand on veut, on demande » et fine, je suis d’accord avec le principe, mais quid si l’on est abreuvées en permanence de croyances limitantes de toutes parts – qui véhiculent l’idée qu’une femme qui veut plus est forcément cupide, instable et éternellement insatisfaite ? Il y a encore du taf, et finalement, charge à nous d’être des modèles pour les générations futures 😉
Je suis d’accord avec toi, ça me semble plutôt sain de vouloir le meilleur pour soi-même ! Et oui, beaucoup de croyances à déconstruire – comme tu le dis, ça ouvre la voie pour que ce soit plus simple aux futures générations 😀